La Nappy Attitude

                                           

Ces dernières années, on constate une certaine mouvance dans le milieu africain voire noir. Les femmes ont tendance à retourner à leur texture de cheveu naturelle. Certes, pour moi qui ai plutôt des tendances un peu "panafricaines" sur les bords, c'est super chouette de voir des jeunes femmes noires promener et arborer fièrement leurs touffes denses et impressionnantes. Cependant, mon oeil critique de "femme de faits" m'empêche de me réjouir de ce que je ne sais pas ou ne maîtrise pas. C'est la raison pour laquelle, ayant approché quelques "Nappy"(s) camerounaises de la diaspora, j'ai retenu 4 témoignages , qui nous permettront d'avoir un avis plus concret sur les diverses (ou pas) motivations de ce retour au naturel.

Tatiana

Tatiana 26ans, France

 "Nappy depuis fevrier 2010, je suis revenue à mes cheveux crépus parceque j'en ai eu marre du défrisage et en fait je n'ai jamais aimé avoir les cheveux lisses, je me suis défrisée la 1ere fois j'avais 18 ans pour faire comme tout le monde. Mais aujourd'hui je sais, grâce à des forums, m'occuper de mes cheveux, j'assume ma feminité et le fait de porter les cheveux crépus.C'est un plaisir de découvrir les potentialités de nos cheveux au naturel, donc pour celles qui hésitent encore je dis que ce n'est que du bonheur, et pour celles qui se préfèrent défrisées, c'est leur choix et personne n'a à les juger."

Liz

Liz 24 ans, France

"Coucou les lecteurs ! Moi c'est Liz Bassama aka Elektrolyz, j'ai 24 ans et je vis en région parisienne . Je suis nappy depuis 2 ans . Pourquoi ce choix ? Bah parce que j'ai voulu renouer avec la nature de mes cheveux. Je voulais un afro en bonne et due forme. Au début je vous avoue que je ne prenais pas soin de mes cheveux et je les taillais pratiquement tout le temps! Ça fait un an que je les bichonne et ils me le rendent bien . J'encourage celle qui hésite encore et devenir nappy, ce n'est pas qu'un mouvement, c'est un style, une attitude et c'est du bonheur pour vos cheveux ! Je vous souhaite le meilleur ! Bisoux parisiens"

Sandrine

Sandrine (xy) ans, France

"Je suis100% de type africain et j'ai passé le quart de siècle. Big chop (ndlr. Big Chop: couper complètement soit tous les cheveux, soit la partie encore défrisée des cheveux) en été 2011, je suis au naturel depuis. J'ai commencé à ressentir le besoin de respecter et de mettre en valeur mes cheveux naturels quand je suis venue en Europe; en fait j'avais des "passe-laisse" assez long et chatains clairs  (ndlr. "Passe-laisse" ou "Tendances": coiffure faite à base de mèches et de tresses collées sur la tête, dont une branche de mèche est à chaque fois laissée expressément hors de la tresse pour au final constituer une touffe semblable à une greffe.) et on m'a dit plus d'une fois " t'es jolie, t'as de beaux cheveux" premier déclic ! Après ds la rue, je me sentais comme déguisée...c'est à cette époque que j'ai commencé à me poser des questions sur les standards de beauté puis, après avoir regardé plusieurs vidéos sur la question des cheveux naturels et d'autres déclics plus tard j'ai choisi mon camp : j'ai bigchopé. A celles qui hésitent, rejoignez nous, ça fera boule de neige ça vaut le coup qu'on montre qu' on est belles au naturel. Les gens doivent s'y habituer."

Coiffure TWA

Isabelle 28 ans, France

"Alors, je suis Isabelle, j'ai 28 ans, très active et pas toujours le temps de m'occuper de mes cheveux... ça fait bien 2-3 ans que je fantasmais sur les cheveux naturels, tellement je trouvais ça beau et en accord avec qui je suis! Mais voila ayant grandi avec la seule exposition des canons de beautés occidentaux, j'avais du mal à delaisser tissages et coupes courtes que j'affectionnais tant. Puis en tant que bonne bam's (ndlr. Bam's: diminutif de bamiléké), la raison économique a finit par trancher loool, mais oui tissage, defrisage... parce que je n'exige que le must pour mes cheveux bah à chaque sortie chez le coiffeur j'en avais toujours pour 200-300 euros, j'ai décidé que c'était trop et j'allais joindre l'utile à l'agréable, d'autant plus que j'avais réalisé une coupe à la jill scott dans "so in love" (cheveux rasés d'un coté) j'ai décidé de tout recommencer à ZERO! donc, big chop au mois de septembre 2011 avec 3 centimètres de repousses, j'adore le court donc ca ne m'a pas du tout posé de pb!

Ma coiffure fétiche, le TWA, un peu de gel, une brosse et j'ai de jolies boucles! 5 min le matin, ça me va. J'ai une mi longeur aujourd'hui car mes cheveux poussent très vite! (ouhhhh la chanceuse, ouais je sais lol! ) mais je ne peux pas encore faire le "pompom" je n'ai pas de soin particulier, j'utilise la gamme mizani pour cheveux crépus, je l'utilisais déjà depuis 6 ans avec mes cheveux défrisés et j'avais des cheveux toujours top et magnifiques, donc je leur fait confiance. Je fais aussi beaucoup de tresses, en tout cas plus qu'avant la dernière fois que j'en avais fait remontait à au moins 13 ans...je n'ai pas renoncé au tissage parce que ça dépanne toujours bien, mais j'évite car j'aime moins. je suis en accord avec moi mm quand je fais des tresses et avec mes cheveux naturels, j'ai suivi dernièrement une chroniqueuse sur direct 8 dire que l'afro était comme un déguisement, au contraire, je trouve que le défrisage, tissage, tout ca ce sont des déguisements, c'est comme si on refusait d'être nous mêmes, des noirs avec des cheveux crépus. 

Voila le message que je peux donner à toutes mes soeurs camers, africaines et africaines descendantes... soyez vous-mêmes, aimez vous, aimez le cheveux afro que vous ont laissé vos grands mères il est magnifique! Et soyez libres! Libérez vous du regard des prisonniers et prisonnières mentales comme cette chroniqueuse de direct 8, l'image de l'afro, c'est vous qui vous la donnez tous les jours, en étant positives, ambitieuses, élégantes!"

Comme mentionné plus haut, il était vraiment important pour moi de faire une petite analyse empirique de la chose, afin que nous puissions cerner le phénomène dans son contexte. Maintenant, c'est sur qu'il serait hâtif de considérer ces différents avis comme représentatifs de la population de femmes noires en occident, mais je pense qu'avec ces témoignages, on a  déjà une idée un peu plus précise de ce qui pourrait être les motivations des unes et des autres pour un changement aussi radical.

Je tiens tout particulièrement à remercier, Tatiana, Liz, Sandrine et Isabelle pour leurs enrichissantes contributions à cet article, je vous remercie pour l'intérêt que vous avez accordé à ma démarche et le temps que vous y avez accordé. Je suis certaine que les lecteurs sont tout autant ravis de vous lire et d'admirer vos jolies frimousses. Merci encore et que le Seigneur vous bénisse.

Nzuimanto