Au Cameroun, les femmes sont très souvent marginalisées et déconsidérées dans les processus décisionnels et les rapports de force politique. Mme Kala-Lobè aura pour moi été une personnalité , dont le Cameroun ne saurait se passer: Cultivée, déterminée et franche, cette dame de la cinquantaine passée, fait preuve d'une éloquence et d'un calme dans les débats, qu'on connait peu voire presque pas aux camerounais d'habitude.
Femme d'action, de vérité et de caractère, Suzanne Kala-Lobè représente pour moi un modèle à suivre pour toutes les femmes africaines, qui croient et se battent pour un changement, pour des lendemains meilleurs pour l'Afrique et une meilleure considération de la femme dans ce continent.
J'aurais souhaité vous fournir un tableau biographique et super bien élaboré sur Suzanne K-L, mais j'ai trouvé mieux, un article qui vous en dira suffisamment long sur cette guerrière des temps modernes.
Je vous souhaite une agréable lecture!
Nzuimanto
Suzanne Kala Lobe:
La plume sincère, mais pas amère
Portrait d’une journaliste engagée qui ne sait dire que ce qu’elle pense, n’en déplaise…
Ce qu’elle pense elle le dit. Et
ce qu’elle dit, elle les appelle «des vérités». Longtemps cataloguée, Suzanne
Kala Lobe est pour certains, chacun avec ses raisons, la pire des femmes
journalistes que le Cameroun ait connu, pour d’autres par contre c’est la
meilleure sur la place, rien à redire. Quoi qu’il en soit, «je ne fais que mon
travail» affirme Suzanne. Très ouverte à la discussion et à l’échange, elle ne
cache rien d’elle-même, et sait bien faire la part des choses. D’ailleurs,
confie t-elle, «le journalisme c’est un métier et il faut bien le faire. Quand
on est devant un public, on doit être sûr d’en avoir les compétences». Pourtant
le journalisme, Suzanne n’avait jamais pensé le faire, pour la simple raison
que son père le faisait déjà. Un père qui lui, était le petit fils de David
Mangue Sibe, un ancien propriétaire foncier pris dans la cours du roi Bell. Sa
rencontre avec une fille issue de la famille Manga Bell a fait de Suzanne une
femme «complètement Sawa» pour parler comme elle, et on peut même dire «de la
famille royale».
Du canton Bell pour Paris
Suzanne Bema Kala Lobe, c’est le nom que lui donnent ses parents à sa naissance
le 16 janvier 1953 à Douala. C’est ici que la jeune fille passe son enfance,
mais surtout ses études primaires à l’école Petit joss d’Akwa. Très
bagarreuse, «je me souviens que je bagarrais avec tous mes frères», mais aussi
et surtout réservée et très éveillée, elle a tout ce qu’il faut pour passer une
enfance heureuse. A 10 ans, elle quitte le Cameroun, direction la France. Ses
études secondaires et supérieures, elle les suit exclusivement à Paris et
aligne tour à tour un Doctorat en linguistique en 1978, un MBA en management
culturel en 1989 et un DEA en science politique en 1997 ; Tout le bagage
nécessaire pour travailler dans l’élaboration des outils didactiques, bref
«faire de la recherche» comme elle en a toujours rêvé. Entre temps elle est
déjà une militante engagée au sein de plusieurs mouvements, notamment l’Union
Nationale des Etudiants du Kamerun (UNEK) où elle est en charge du département
de l’information, mais aussi au sein de l’Union des Populations de Cameroun
(UPC). La facilité avec laquelle la jeune femme s’exprime et écrit donne à ses
pairs upécistes, de lui confier quelques rubriques dans le journal
du parti. La carrière de Suzanne se dessine, mais elle ne la voit pas venir.
Jusqu’en 1991, date à laquelle elle est obligée de retourner au Cameroun, suite
au décès de son père. Les obsèques passées, elle décide de rester au pays.
C’est le début de sa carrière journalistique.
Un concours de circonstance
C’est ainsi qu’elle définit son arrivée dans l’univers journalistique. Et très
vite, sa plume se fait remarquer, Suzanne signe ses premières chroniques au
Cameroun, retentissantes et interpellatrices à souhait, dans le quotidien La
Nouvelle Expression. Comme si la presse écrite ne lui suffisait pas, elle se
lance en 2003 dans la radio, après l’ouverture de la radio Equinoxe, dans
laquelle elle officie jusqu’à ce jour. En plus de ses chroniques quotidiennes,
elle y présente deux émissions, taillées à la mesure de ses convictions. La
première, «un débat qui me permet de réchauffer le milieu politique», Polemos,
passe tous les dimanches matin. Et là encore Suzanne suscite les curiosités. La
deuxième émission aussi porte bien son nom: Livres noirs & musiques
d’Afrique lui permet tous les mardis soir pendant 90 minutes de faire
connaître la littérature et la musique africaine. A noter qu’elle est également
éditorialiste pour la même chaîne. Quatre ans plus tard, elle créée sa société
de production audio-visuelle EBK Productions, qui met sur pied Actu,
un magazine généraliste diffusé sur la chaîne de télévision Canal 2
International. Précision, «avec la chaîne j’ai un contrat de producteur
indépendant, pas de salarié».
© Journalducameroun.com
Suzanne Kala Lobe dans son salon
Côté jardin
Agée de 57 ans, «et je me plait de mon âge», Suzanne Kala Lobe n’est pas mariée, mais vit depuis 34 ans avec un homme, le bien nommé Bea Man Wayack. «Il a le même âge que moi» précise t-elle. Ancien champion de judo camerounais avec une formation de kinésie thérapeute, celui qu’elle présente comme son compagnon est rentré au Cameroun il y a tout juste deux ans et vit à Makak. Tous deux n’ont pas fait d’enfant et Suzanne explique cela par «un concours de circonstances difficiles», mais le fait de ne pas être marié s’explique par le fait que «nous de la génération mai 1968 avions pensé qu’un nouveau monde était possible. J’avais une autre vision des choses et je ne voyais pas l’importance du mariage. Il a eu du mal à l’accepter, mais l’a finalement compris» raconte Suzanne qui durant tout l’entretien n’a pas touché à sa cigarette, elle se contente juste de quelques verres de bon vin. Chanteuse à ses heures perdues, elle qui fût d’ailleurs lead vocal du groupe Djala Lilon dans les années 80, a participé à l’album de son compagnon sorti en 2003, un hommage à Um Nyobe intitulé Ni africa ni yoso, et dans lequel on retrouve aussi Pablo Master, l’un des premiers chanteurs de rap au Cameroun.
En plus de la musique, des découvertes et surtout le sport, Suzanne dit devoir sa force et son aisance professionnelle à trois choses ; son expérience de militante, le fait d’avoir été encadrée par des gens assez cultivés, et la chance d’avoir été à l’école au plus haut niveau. C’est d’ailleurs ce que la dame aux cours cheveux blancs reproche à l’actuelle génération de journalistes. «La facilité, le refus de la critique. De nos jours la profession me choque parce que certains l’abordent avec beaucoup de désinvolture, d’absurdité et se renferment sur le prétexte de pauvreté. Mais la pauvreté n’exclue pas la maturité! C’est pour cela que les gens me traitent de tous les qualificatifs, mais je restent moi même». Parole de sage!
Projets
Très impliquée dans la société d’Hygiène et de salubrité du Cameroun (HYSACAM) où elle s’occupe de la cellule de communication à la Direction générale, la journaliste compte bien participer au déploiement de cette structure dans les années à venir. Et même si elle a quitté son parti en 1998, elle y reste très attachée dans l’âme et compte réaliser dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, une série de 12 documentaires, 13 minutes chacun, à la mémoire des héros de cette indépendance, de Rudolph Douala Manga Bell à Ernest Wandié. La passionnée de lecture compte également publier en octobre 2010 un livre intitulé Les chroniques sous le manguier, qui sera édité par Jacques Marie Lafon. Des chroniques qui feront sans doute encore parler et que nous ne perdons rien à attendre. Bon vent la journaliste.
Par Alix Fétué
Source: www.journalducameroun.com
Agée de 57 ans, «et je me plait de mon âge», Suzanne Kala Lobe n’est pas mariée, mais vit depuis 34 ans avec un homme, le bien nommé Bea Man Wayack. «Il a le même âge que moi» précise t-elle. Ancien champion de judo camerounais avec une formation de kinésie thérapeute, celui qu’elle présente comme son compagnon est rentré au Cameroun il y a tout juste deux ans et vit à Makak. Tous deux n’ont pas fait d’enfant et Suzanne explique cela par «un concours de circonstances difficiles», mais le fait de ne pas être marié s’explique par le fait que «nous de la génération mai 1968 avions pensé qu’un nouveau monde était possible. J’avais une autre vision des choses et je ne voyais pas l’importance du mariage. Il a eu du mal à l’accepter, mais l’a finalement compris» raconte Suzanne qui durant tout l’entretien n’a pas touché à sa cigarette, elle se contente juste de quelques verres de bon vin. Chanteuse à ses heures perdues, elle qui fût d’ailleurs lead vocal du groupe Djala Lilon dans les années 80, a participé à l’album de son compagnon sorti en 2003, un hommage à Um Nyobe intitulé Ni africa ni yoso, et dans lequel on retrouve aussi Pablo Master, l’un des premiers chanteurs de rap au Cameroun.
En plus de la musique, des découvertes et surtout le sport, Suzanne dit devoir sa force et son aisance professionnelle à trois choses ; son expérience de militante, le fait d’avoir été encadrée par des gens assez cultivés, et la chance d’avoir été à l’école au plus haut niveau. C’est d’ailleurs ce que la dame aux cours cheveux blancs reproche à l’actuelle génération de journalistes. «La facilité, le refus de la critique. De nos jours la profession me choque parce que certains l’abordent avec beaucoup de désinvolture, d’absurdité et se renferment sur le prétexte de pauvreté. Mais la pauvreté n’exclue pas la maturité! C’est pour cela que les gens me traitent de tous les qualificatifs, mais je restent moi même». Parole de sage!
Projets
Très impliquée dans la société d’Hygiène et de salubrité du Cameroun (HYSACAM) où elle s’occupe de la cellule de communication à la Direction générale, la journaliste compte bien participer au déploiement de cette structure dans les années à venir. Et même si elle a quitté son parti en 1998, elle y reste très attachée dans l’âme et compte réaliser dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, une série de 12 documentaires, 13 minutes chacun, à la mémoire des héros de cette indépendance, de Rudolph Douala Manga Bell à Ernest Wandié. La passionnée de lecture compte également publier en octobre 2010 un livre intitulé Les chroniques sous le manguier, qui sera édité par Jacques Marie Lafon. Des chroniques qui feront sans doute encore parler et que nous ne perdons rien à attendre. Bon vent la journaliste.
Par Alix Fétué
Source: www.journalducameroun.com
1 commentaire:
Elle a du repondant notre suzanne nationale. Elle est la preuve que la liberté ne se donne pas, elle s'arrache a coup de determination et d'efforts. Vivement que les autres femmes camers suivent sont exemple car, ce ne sont pas les hommes qui les aideront dans la voie de leur émancipation...
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